Allier

Jérôme Bocuse (à droite) et Frédéric Aguilera, maire de Vichy, lors de l’inauguration de la Brasserie le 27 juin dernier (© Geneviève Colonna d’Istria)

Depuis juin dernier, la reine des villes d’eaux accueille le pape de la gastronomie. Jérôme Bocuse, fils du célèbre Paul Bocuse, vient d’ouvrir à Vichy une brasserie au bord de l’Allier. Une aventure née d’un “coup de cœur”, mais aussi d’une vision : “J’aime l’eau, le sport, j’ai fait du ski nautique ici enfant… Ce lieu me parlait”, confie Jérôme Bocuse. Le décor est posé : cadre somptueux, ambiance nautique, ancrage émotionnel. L’adresse a de quoi séduire.

Mais ne vous y trompez pas : ici, on ne fait pas que de la cuisine. On construit un projet de territoire. Avec son associé Paul-Maurice Morel, l’équipe Bocuse injecte environ 3 millions d’euros, en partie avec l’aide de la mairie, pour redonner vie à un site emblématique et y développer une triple offre : une brasserie de qualité, un comptoir accessible et une table du chef.

« Le potentiel est énorme ! »

“On est ici pour durer », insiste Jérôme Bocuse. Une conviction partagée par Paul-Maurice Morel : “Vichy a ce charme Napoléon III, entre Biarritz et ville thermale. Elle attire jeunes familles et seniors en quête de qualité de vie. Le potentiel est énorme !”

Et la dynamique est bien là. Le maire, Frédéric Aguilera, salue une “opération qui booste l’image et l’attractivité de Vichy”. Pour l’élu, cette implantation s’inscrit dans un vaste programme de montée en gamme de la cité bourbonnaise : rénovation du parc thermal par France Thermes (50 M€), aménagement des parcs (35 M€), transformation du casino par le groupe Partouche (12 M€) et création de nouveaux hôtels. “Il y a une vraie dynamique avec ce souci de qualité. On est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2021. Il faut être à la hauteur de cette exigence.”

Fondation Bocuse

Cerise sur le gâteau : Bocuse profite de son implantation à Vichy pour ouvrir un bureau de la Fondation Bocuse. Objectif ? Former et orienter les jeunes, parfois en échec scolaire, vers les métiers de la restauration. “On a eu un vrai plébiscite des jeunes. Contrairement à Lyon ou Annecy, ici, on recrute sans difficulté”, explique Paul-Maurice Morel. Quarante emplois ont été pourvus dès l’ouverture, avec des possibilités d’évolution dans le réseau Bocuse.

“On croit dans cette ville,” répète Jérôme Bocuse. Et visiblement, Vichy le lui rend bien.

Geneviève Colonna d’Istria

📌 Infos pratiques

• 🕰 Ouvert toute l’année
• 👨‍🍳 Brasserie – Comptoir – Table du chef – Formation
• 📍 Rives de l’Allier – Vichy
• 🌐 Site web : www.brasseries-bocuse.com
• 📲 Réseaux sociaux : @BrasseriesBocuse sur Instagram et Facebook

Installés depuis 2017 à Échassières (Allier), Nicolas et Karen Perrin sont devenus les premiers producteurs de noisettes d’Auvergne. Une aventure savoureuse ! (photo ©GCI/Marque Auvergne)

Des noisetiers à perte de vue et une récolte en cours de transformation. Bienvenue au Domaine des Kaolins ! C’est ici, à Échassières, que Nicolas et Karen, la trentaine, ont décidé de bousculer les traditions agricoles en se lançant en 2017 dans la toute première exploitation de noisettes d’Auvergne, l’une des très rares dans toute la région Auvergne-Rhône-Alpes. « Je suis tombé amoureux de la noisette lors d’une visite dans le Lot-et- Garonne. Après de nombreuses recherches et visites sur place, le projet a pris tournure. Deux ans après mes premières démarches, mon installation est validée et je suis officiellement jeune agriculteur et le premier producteur de noisette de l’Allier », sourit Nicolas.

« J’ai surpris tout le monde ! »

Pourtant dans la famille, on est plutôt céréalier et éleveur. « Mon père était installé depuis 40 ans sur une ferme conventionnelle à Lalizolle, le village voisin. Je l’ai toujours vu cultiver cet énorme champ, à côté de l’ancienne carrière de kaolins où je jouais souvent étant petit. Mais au départ, je n’avais pas du tout l’intention de reprendre l’exploitation agricole. Je suis devenu commercial dans l’agro-alimentaire. À 30 ans, j’ai surpris tout le monde en annonçant que je voulais planter des noisetiers », se souvient Nicolas qui a depuis embarqué sa femme dans l’aventure.

Aujourd’hui à la tête d’une exploitation de 22 hectares de noisetiers, le couple a commencé à récolter les fruits de ses 15 318 arbres à partir de 2020. « Il faut quatre ans environ pour qu’un noisetier commence à donner », souffle Nicolas devenu expert en la matière. Le couple lance alors sa première gamme de pâte à tartiner au chocolat au lait-noisettes ainsi que des sachets de noisettes caramélisées qui remportent tout de suite du succès.

18 tonnes de noisettes par an

« Ce sont des recettes uniques et des produits 100 % français conçus avec des ingrédients naturels, cultivées, récoltées et transformées sur la ferme », souligne le couple. Désormais, le Domaine des Kaolins produit environ 18 tonnes de fruits par an. Une douzaine de produits sont transformés sur place puis écoulés auprès des épiceries fines ou des magasins Gamme vert de la région.

L’an dernier 20 000 pots et 20 000 sachets sont sortis des ateliers. « Cela augmente d’année en année. Notre carnet de commandes est plein à craquer. On répond tout juste à la demande. On sait qu’il y a encore des parts de marché à prendre », concluent Nicolas et Karen, non sans une certaine gourmandise.

Geneviève Colonna d’Istria

L’usine Transalpes Composite, implantée à Saint-Loup (Allier) depuis fin 2021, est devenue l’unique fournisseur français de l’opérateur Orange (Photos : Geneviève Colonna d’Istria).

Depuis fin 2021, l’usine tourne à plein régime. 7 jours sur 7, 24 heures/24. Le site bourbonnais de Transalpes Composite, implanté sur l’ancienne base militaire de Saint-Loup (Allier), connaît un succès exceptionnel. Spécialisée dans la fabrication de poteaux composites, la PME ardéchoise est devenue progressivement l’unique fournisseur français du groupe Orange en poteaux téléphoniques. Et les besoins de l’opérateur français sont gigantesques : « Nous remplaçons progressivement tous ses vieux poteaux en bois. Cela représente 300 000 unités par an. Au total, nous en avons 15 millions à changer en France. Cela devrait nous occuper encore quelques dizaines d’années ! », annonce Olivier Dondain, délégué régional Orange.

150 000 poteaux livrés en 2023

Transalpes Composite qui a réalisé l’an dernier 37 M€ de chiffre d’affaires, a investi dans son outil de production auvergnat 11 M€ en 2021. « La situation géographique au centre de la France avec la desserte autoroutière et la proximité de la voie ferrée étaient deux atouts importants pour notre implantation à Saint-Loup », précise le dirigeant, Richard Molina qui emploie désormais 80 personnes. Il produit quelque 700 poteaux par jour, presque exclusivement pour le marché d’Orange. Le site compte 45 000 m².

« Auparavant nous étions approvisionnés par un fournisseur italien, mais nous souhaitions vraiment avoir une production made in France. Nous avons rencontré le directeur de Transalpes et nous sommes tombés d’accord. Depuis nous travaillons à 70% avec le site de Saint-Loup. C’est un ratio qui va continuer à augmenter pour arriver à 90% », annonce Olivier Dondain. Ainsi, l’entreprise auvergnate a fourni plus de 150 000 poteaux composites à Orange en 2023 dont plus de 8 000 à destination de la zone AuRA.

Une extension dans quelques mois

« Un poteau composite émet 25% de gaz à effet de serre en moins à la fabrication par rapport à un poteau bois. Le bilan carbone incluant fabrication, traitement, transport, implantation, exploitation, entretien, retraitement de fin de vie du matériau est bien plus favorable aux poteaux composites, essentiellement grâce au traitement nécessaire, à leur durée de vie, et aux transports en phase d’installation et de récupération », assure Orange.

Le site de Saint-Loup tourne tellement bien qu’il devrait s’agrandir dans les prochains mois. 3 M€ seront investis pour financer une extension de 1 500 m² supplémentaires. L’usine pourrait alors employer une centaine de salariés.

Geneviève Colonna d’Istria

Depuis cent ans, la famille Gardien règne en maître sur le domaine de Chassignolles, à Saint-Pourçain dans l’Allier (Photo : Gardien).

Le 11 novembre 1924, le Domaine Gardien voyait le jour sous l’impulsion d’Élisa et Justin Gardien. Un siècle plus tard, quatre générations se sont transmis le flambeau. Olivier et son frère Christophe, respectivement âgés de 51 et 55 ans, continuent de faire prospérer la passion familiale pour la vigne. « L’esprit du domaine, certifié Haute Valeur Environnementale, est de préserver les traditions et le savoir-faire acquis au fil des quatre générations en les associant aux techniques modernes et à l’évolution du goût des consommateurs », confient les frères Gardien.

Un cépage unique

Aujourd’hui, le domaine s’étend sur 24 hectares répartis aux deux-tiers rouge et un tiers blanc. Les vignes ont entre 2 et 50 ans. L’élevage des vins se fait dans des matériaux modernes de qualité : inox ou fibre de verre pour les vins jeunes, et fûts des forêts de Tronçais et Jaligny pour les vieilles vignes. « Nous avons la grande chance de disposer de ces forêts de grande qualité à proximité. Il aurait été dommage de s’en priver ! », sourient les deux quinquagénaires.

Le Domaine Gardien se distingue par des rouges issus des cépages gamay et pinot noir permettant une déclinaison d’assemblages allant de vins fruités et légers jusqu’à ceux issus de plus vieilles vignes, ronds et structurés, à base de pinot noir et élevés en barriques. « Les blancs tiennent leur grande originalité de la présence dans l’assemblage de Tressallier, cépage unique, n’existant qu’en saint-pourcinois », poursuit Olivier Gardien. Cette gamme complète est étoffée d’un rosé fruité et élégant ainsi que de méthodes traditionnelles blanc et rosé et d’un ratafia.

Du Japon à Cambridge

« Les vins de Saint-Pourçain ont beaucoup évolué en cent ans, analyse Olivier. D’abord en raison du changement climatique et ensuite dans la façon de travailler la vigne ». D’abord classé en Vin Délimité de Qualité Supérieure (VDQS) en 1951, le vignoble saint-pourcinois a conquis ses véritables lettres de noblesse en 2009, en obtenant l’Appellation d’Origine Contrôlée (AOC). « Cela a définitivement donné un nouvel éclairage à notre production, y compris à l’international ». Aujourd’hui, le domaine Gardien s’exporte du Japon aux États-Unis. Il est même devenu le fournisseur officiel de l’Université de Cambridge en Grande-Bretagne !

À l’occasion du centenaire, le domaine a spécialement vinifié la « Cuvée des 100 ans », déclinée en blanc, rouge et rosé. « Issue de la parcelle historique des Agalais, elle a été élaborée avec les cépages les plus proches de ceux cultivés par nos arrière-grands-parents : le gamay et le chardonnay », s’enthousiasment les « Gardien » du temple qui auraient rendu fier leurs aïeux.

Geneviève Colonna d’Istria

Le Saint-Pourçain, toute une histoire !

Le vignoble de Saint-Pourçain est considéré comme l’un des plus anciens de France. Implanté par les Phéniciens, celui-ci connut des fortunes diverses, au gré des siècles, des invasions et des maladies décimant parfois la vigne. À la fin du Moyen-Âge, la paix relative qui s’installe dans la région permet le renouveau du vignoble. L’apparition des tavernes offre alors un débouché commercial tout trouvé.
Le vin de Saint-Pourçain voyage rapidement au-delà de sa région d’origine : le port de la Chaize, à Contigny, expédie le breuvage sur la table des Rois de France. Ainsi, Saint-Louis en 1241 offrit le Saint-Pourçain pour l’adoubement de son frère Alphonse. En 1328, on en consomme pour le couronnement de Philippe Le BEL. Également plébiscité par les Papes en Avignon, à chaque grande occasion, le Saint-Pourçain est à l’honneur.

Au XVIII, le vignoble atteint 8 000 hectares. L’approche du 19ème siècle sera synonyme de coup d’arrêt pour le Saint-Pourcinois avec successivement en 1790 la crue dévastatrice du 12 novembre, qui emporte les ports marchands sur l’Allier, l’apparition en 1800 de modes de transports plus rapides et favorisant la concurrence des vins du Midi et surtout la terrible épidémie de phylloxéra de 1885. Le renouveau du vignoble est récent, avec la recherche incessante de la qualité qui conduit à l’obtention du label Vin Délimité de Qualité Supérieure (VDQS) en 1951.
En 2009, après des décennies d’effort et de restructuration, c’est l’Appellation d’Origine Contrôlée (AOC) qui vient le travail et la pugnacité des hommes et femmes qui ont cru aux valeurs de ce vignoble ancestral. Aujourd’hui composée de 600 hectares répartis sur 19 communes, l’aire d’Appellation compte une quinzaine de vignerons indépendants, vinifiant leurs propres productions et une cave coopérative regroupant une soixantaine d’adhérents.