
Le géant coopératif auvergnat mise sur l’avenir durable de l’agriculture locale. Avec 27 millions d’euros investis à Saint-Ignat, Limagrain lance une nouvelle ligne de production de protéines végétales texturées et agrandit son moulin à blé. Un pari ambitieux qui conjugue innovation, souveraineté alimentaire et valorisation du territoire (© Geneviève Colonna d’Istria).
À Saint-Ignat, au cœur de la Limagne, les silos de Limagrain dominent un paysage agricole. Le groupe coopératif auvergnat, déjà implanté durablement, engage un nouvel investissement de 27 millions d’euros, dont 15 millions pour une nouvelle ligne de production d’ingrédients riches en protéines végétales texturées (TVP) et 12 millions pour l’extension de son moulin à blé inauguré en 2022.
« Cet investissement est stratégique, mais aussi profondément territorial », souligne Sébastien Vidal, président de Limagrain. « Il s’inscrit dans la continuité de notre histoire. Nous ouvrons à nos adhérents de nouveaux débouchés autour des protéines végétales, une filière d’avenir, tout en renforçant la résilience de notre agriculture régionale. »
Les protéines végétales : une filière d’avenir made in Auvergne
La nouvelle unité, baptisée Nupro 2, produira à terme 4 300 tonnes par an de protéines végétales issues de pois, lentilles, féverolles, blé et avoine. Ces ingrédients naturels et sans additifs, riches de plus de 50 % de protéines, sont destinés aux industries agroalimentaires : plats préparés, sauces, produits végétariens ou hybrides.
« Les protéines végétales texturées représentent une évolution naturelle pour nous », explique Sébastien Chauffaut, directeur général de Limagrain. « En associant céréales et légumineuses, on enrichit les produits en protéines tout en répondant à la demande de naturalité et de goût. Et surtout, on valorise les cultures locales : pois, lentilles ou féverolles sont de vraies alliées pour les sols et pour la biodiversité. »
Le marché mondial des protéines végétales connaît une croissance annuelle de près de 15 % depuis 2022. Avec cette nouvelle unité, Limagrain entend bien faire de la Limagne un pôle d’excellence européen dans ce domaine.
Une technologie propre et durable
Pour Isabelle Vendroux, directrice des opérations de Limagrain Ingredients, cette nouvelle ligne incarne l’innovation responsable : « Nous utilisons un procédé d’extrusion qui combine traitement thermique et mécanique, sans additif, uniquement à la vapeur d’eau. On obtient de petites billettes riches en protéines, que nous adaptons selon les besoins des clients. C’est une technologie propre, économe en énergie et en eau, conçue selon la norme ISO 50001. »
Cette unité génère sept emplois directs et plus de 200 emplois indirects à travers la sous-traitance régionale. Un impact concret pour l’économie locale.
Les produits, commercialisés sous la marque VégéSense, séduisent déjà les grands noms de l’agroalimentaire européen. « Nous avons une douzaine de recettes prêtes à l’emploi testées par nos clients. Cela ouvre d’immenses perspectives pour nos adhérents et pour l’ensemble de la filière auvergnate », se félicite Isabelle Vendroux.
« Pensés pour durer »
L’extension du moulin à blé vient compléter cette montée en puissance. Avec 23 nouveaux silos à blé et 8 silos à farine et coproduits, Limagrain consolide sa position sur le marché des farines de qualité destinées à la boulangerie artisanale et industrielle.
« Investir ici, c’est investir pour demain », résume Sébastien Vidal. « Nos outils industriels sont pensés pour durer, pour soutenir les générations futures d’agriculteurs et de consommateurs. Nous croyons à une économie locale, coopérative et durable. »
À terme, Limagrain ambitionne de sécuriser un approvisionnement 100 % auvergnat en légumineuses, avec le soutien de ses adhérents. Des expérimentations sont déjà menées pour identifier les variétés les plus adaptées aux sols et au climat de la région.
Un autre investissement de 60 M€
Ce projet ne sera pas le dernier. Le groupe prépare déjà un investissement encore plus massif de 60 millions d’euros d’ici 2027, pour construire une usine de séchage et de stockage du maïs ainsi qu’un magasin de produits finis. Objectif : renforcer encore la souveraineté alimentaire et l’autonomie industrielle du territoire.
Avec un chiffre d’affaires de 2,5 milliards d’euros en 2023-2024, Limagrain confirme son rôle moteur dans l’économie auvergnate. En misant sur les protéines végétales, la coopérative ouvre un nouveau champ d’opportunités pour ses adhérents et positionne la Limagne comme un laboratoire d’innovation agricole européen.
Geneviève Colonna d’Istria
🟢 Chiffres clés :
- 27 M€ investis à Saint-Ignat (15 M€ pour les protéines végétales, 12 M€ pour le moulin)
- 4 300 tonnes/an de protéines végétales produites
- 7 emplois directs et 200 emplois induits
- 60 M€ d’investissements supplémentaires prévus d’ici 2027
- 2,5 Milliards de chiffre d’affaires








