
Le site historique de Saint-Éloy-les-Mines compte parmi les plus importants du groupe Rockwool en Europe (©GCI)
C’est un signal fort pour l’industrie verte en Auvergne : Rockwool investit 100 millions d’euros dans son usine de Saint-Éloy-les-Mines (Puy-de-Dôme). Un chantier titanesque pour ce site emblématique, en activité depuis 45 ans, qui s’apprête à électrifier deux de ses lignes de production d’ici 2027. Objectif affiché : réduire de 60 % ses émissions de CO₂. Une première en France pour le géant danois de la laine de roche.
« En remplaçant nos fours alimentés au coke par des équipements électriques, nous entamons une transformation industrielle majeure », confie Lionel Gendreau, directeur du site, visiblement fier de cette métamorphose. L’annonce tombe à pic alors que la rénovation énergétique devient une priorité nationale. La France compte encore 4,2 millions de passoires thermiques. Et chaque année, ce sont quelque 600 000 logements qui doivent être rénovés. Une aubaine pour Rockwool, dont les produits — issus de roche volcanique — isolent aussi bien du chaud que du froid.
600 salariés et 220 000 tonnes de laine de roche
Mais cette montée en puissance a ses limites. Le site de Saint-Éloy, qui emploie 600 salariés et produit 220 000 tonnes de laine de roche par an, tourne déjà à plein régime. Et faute de foncier disponible, impossible d’envisager une extension. Résultat : Rockwool a d’ores et déjà lancé un deuxième projet d’envergure à Soissons, dans l’Aisne, pour produire plus de 100 000 tonnes supplémentaires.
En Auvergne, l’heure est donc à l’optimisation. Et cela passe par une électrification profonde du site. « Ce chantier de cinq ans assure l’approvisionnement électrique vert du site. C’est un projet stratégique autant pour le groupe que pour notre territoire que nous préparons depuis cinq ans », souligne Anthony Palermo, maire de Saint-Éloy-les-Mines. En coulisses, un partenariat avec RTE a permis de mettre en place une ligne haute tension de 20 kilomètres pour alimenter les futurs fours électriques.
« Défis climatiques »
L’enjeu, pour Rockwool, dépasse la simple performance industrielle. Il s’inscrit dans une trajectoire globale de décarbonation portée par le groupe, qui vise à réduire d’un tiers ses émissions à l’horizon 2034, conformément aux engagements internationaux (Science Based Targets).
« L’électrification, c’est une réponse directe aux défis climatiques. Nos produits contribuent à la sobriété énergétique. Il est donc logique que notre production devienne elle aussi plus vertueuse », martèle Rafael Rodriguez, président de Rockwool France.
Avec ce virage à 100 millions d’euros, Rockwool ne fait pas que moderniser son outil industriel : il positionne l’Auvergne comme une terre d’innovation au service de la transition écologique. Une ambition qui sonne comme un coup d’accélérateur pour toute la filière des matériaux isolants.
Geneviève Colonna d’Istria