
Après quarante ans de carrière, dont trente passés à la tête du groupe Omerin, Xavier Omerin, 61 ans, (à gauche) descendant du fondateur, a décidé de passer la main à Pierre Sanvoisin, son directeur général, pour lui succéder comme président-directeur général. Rencontre avec un Auvergnat pur souche qui se retrouve aux commandes d’une entreprise de 1 700 salariés (©Omerin)
Comment s’est passée la transmission ?
Nous l’avions annoncé aux salariés en interne à la fin de l’année dernière. Tout s’est passé assez naturellement au fil du temps. Je suis dans le groupe depuis 25 ans. Nous avons donc une proximité avec Xavier Omerin assez importante. Nous nous connaissons bien. Ce n’était pas une décision prise du jour au lendemain. Nous en avons parlé souvent depuis trois ans. Il m’avait annoncé son intention de partir à la retraite en 2025. Donc il y avait deux questions à régler : qui pour le remplacer ? et sous quelle forme ? Il m’a proposé de prendre la suite, c’était très simple, pas comme dans les feuilletons d’une série !
Avez-vous accepté tout de suite ? C’est une étape très importante pour le groupe de lui succéder ?
Oui, c’est une très grosse responsabilité, surtout quand on regarde le parcours de Xavier et l’évolution du groupe sous sa direction. Mais encore une fois, je suis là depuis longtemps. J’ai participé à l’évolution et aux décisions de l’entreprise depuis 10 ans. Je la connais bien, donc c’était naturel pour moi.
Quel a été votre parcours ?
Je suis né en 1975, je vais avoir 50 ans cette année. Je suis un Auvergnat, originaire de Moulins, dans le Bourbonnais. J’ai fait une grande partie de ma scolarité à Clermont-Ferrand (NDLR : diplômé de l’Esc Clermont Business School) et j’ai poursuivi par un MBA aux États-Unis. J’ai travaillé quelques mois à Paris en tant que consultant chez Renault à mon retour en France et je suis arrivé chez Omerin il y a vingt-cinq ans en tant que commercial export. D’abord sur le site d’Ambert, puis j’ai pris la direction commerciale à Saint-Étienne en 2002. J’ai gravi les échelons et Xavier m’a confié la direction générale en 2015.
Pourquoi vous plutôt qu’un autre ?
Il faudrait demander à Xavier (sourire). Mais je pense qu’on a une culture commerciale commune. Nous ne sommes pas des ingénieurs. C’est le marché qui nous guide et nous ajustons nos produits en fonction de lui. Je suis dans cette veine-là. De plus, c’est lui qui m’a formé. Et bien sûr, être directeur général depuis 10 ans a sans doute fini de le convaincre.
Quelle sera votre méthode, votre touche personnelle ?
Régler les problèmes un par un. Avancer petit à petit. Xavier avait une approche plus intuitive et moi j’ai une volonté de digitaliser davantage l’entreprise pour rationaliser et simplifier les choses dans la conduite des affaires. Pour le reste, nous avons une même approche. Je vais poursuivre les gros projets en cours comme la construction actuelle de notre usine à Lezoux (Puy-de-Dôme) qui devrait sortir de terre à la fin de l’année. Nous avons aussi de beaux projets notamment sur le site de Saint-Chamond.
Xavier Omerin a transféré la moitié de sa fortune à un fonds et conserve l’autre moitié avec ses enfants. C’est un montage rare dans l’industrie pour un groupe familial de cette dimension…
C’est vrai ! C’est d’ailleurs assez exceptionnel, car il se dépossède de la moitié du capital quand même ! Il faut avoir une vraie vision de très long terme pour l’entreprise pour faire ça. Pour moi, c’est assez confortable, car cela évacue les risques d’actionnariat. Nous ne sommes pas parasités par les enjeux politiques et financiers habituels dans des groupes de cette dimension. Donc nous avons un outil d’une bonne solidité financière pour travailler.
Cela signifie que le groupe restera bien à Ambert ?
Absolument, le groupe restera bien ancré à Ambert, dans son berceau historique du Livradois-Forez ! C’est une certitude.
Propos recueillis par Geneviève Colonna d’Istria
Le groupe Omerin en chiffres en 2025
- 1 700 salariés, dont 300 à Ambert
- 300 millions d’euros de chiffre d’affaires
- 4 business units
- 16 sites de production dont 11 en France et 5 à l’international (1 aux États-Unis, 1 en Espagne et 3 en Tunisie)
- 950 000 kilomètres de câbles produits en 2024