
La maison d’Albert Londres renaît à Vichy : dix ans de combat pour sauver un patrimoine unique grâce au combat de l’association portée par Marie de Colombel (Photo GCI)
Après dix années de persévérance, la maison natale d’Albert Londres, figure emblématique du journalisme français, retrouve enfin son éclat à Vichy (Allier). Grâce à la mobilisation d’une poignée de passionnés, cette demeure du XIXᵉ siècle a été sauvée de la ruine a reçu cet été le prestigieux Prix national de la Fondation du patrimoine 2024. Une reconnaissance qui consacre un travail acharné.
Implantée rue Besse, au cœur du vieux Vichy, la maison attire le regard avec ses deux tourelles néogothiques et sa façade en pierres blondes. C’est ici qu’est né, le 1er novembre 1884, Albert Londres, celui que l’on surnomme « le prince des grands reporters ». Mais il y a dix ans encore, cette bâtisse, pourtant chargée d’histoire, n’était plus qu’une coquille vide, toiture éventrée et façades lézardées.
« J’habitais le quartier et je voyais la maison s’effondrer sous mes yeux. J’ai pensé qu’on ne pouvait pas laisser disparaître un tel lieu de mémoire », raconte Marie de Colombel, présidente de l’association Maison Albert Londres.
Une restauration exemplaire
Rachetée en 2014 par l’association, la demeure nécessitait une réhabilitation intégrale. Charpente, menuiseries, peintures, restitution des teintes d’origine : rien n’a été laissé au hasard. Au total, 500 000 euros ont été mobilisés, grâce à l’appui de l’Europe, des collectivités locales et de mécènes comme Michelin et le Crédit Agricole.
Le chantier a franchi une étape décisive cet été : le 18 juillet, la maison s’est vu décerner le Prix national de la Fondation du patrimoine, accompagné d’une dotation de 20 000 euros. « C’est exactement ce qu’il nous manquait pour boucler les derniers travaux », se félicite Marie de Colombel.
Un hommage vivant au « prince des reporters »
Mort tragiquement en 1932 lors de l’incendie du paquebot Georges-Philippar, Albert Londres a marqué l’histoire du journalisme par ses enquêtes courageuses : sur les bagnes, la traite des Noirs ou encore les abus du système colonial. Son écriture engagée et profondément humaniste a ouvert la voie à plusieurs générations de reporters et donné son nom au plus prestigieux des prix français récompensant le travail de journalistes.
La maison natale se veut désormais un lieu vivant et ouvert au public : expositions, manuscrits, photographies, correspondances et récits de voyages y retracent l’univers du journaliste. Au dernier étage, un appartement accueillera même des résidences de journalistes, pour transmettre l’esprit d’un journalisme libre et courageux.
Un nouveau destin à inventer
« La maison est sauvée. Désormais, il faut lui donner une vie, un rôle dans la cité », confie Marie de Colombel, sourire aux lèvres. Pour Vichy, cette restauration représente bien plus qu’une victoire patrimoniale : c’est une manière de célébrer un héritage culturel fort et de faire résonner encore, au XXIᵉ siècle, la voix d’un homme qui n’a jamais cessé de défendre la vérité.
Geneviève Colonna d’Istria