À 57 ans, Yves Chapot a été nommé gérant non commandité du groupe Michelin, au côté de Florent Menegaux. Ce fils d’agriculteur du Forez a pris ses pleines fonctions en mai, après le départ de Jean-Dominique Senard. Un parcours exemplaire pour cet homme aux origines modestes (Photo : Geneviève Colonna d'Istria/NewsAuvergne).
Quand il était étudiant, Yves Chapot rêvait tout simplement de devenir expert-comptable. Force est de constater que cet homme très discret a largement dépassé ses objectifs ! « Je suis issu d’un milieu plutôt modeste, donc je ne m’imaginais pas en rentrant chez Michelin, il y a vingt-sept ans, arriver là un jour », confie-t-il.
Fidèle à ses racines rurales
Originaire de Montbrison, dans la Loire, ce fils d’agriculteur a grandi sur les rugueuses terres du Forez, où vivent toujours ses parents. De ses racines rurales, il a sans doute gardé un sens aigu des réalités, doublé d’un réel pragmatisme.
Après ses études d’expert-comptable menées à Lyon, Yves Chapot vit une première expérience au sein du cabinet de conseil et d’audit Arthur Andersen. « J’avais l’ambition de créer un jour mon propre cabinet mais, finalement, j’ai toujours travaillé pour de grandes entreprises », raconte-il en esquissant un sourire.
Il a gravi tous les échelons dans la « grande maison »
Car finalement, le nouveau n°2 de Michelin, a fait bien mieux. En 1992, le groupe auvergnat recherche son responsable de l’audit interne. Yves Chapot se présente. Il remporte le poste et met un premier pied dans la « grande maison » pour ne plus jamais la quitter. Vingt-sept années de fidélité à la manufacture récompensées aujourd’hui par cette nomination suprême de gérant non commandité (autrement dit non engagé sur ses biens personnels), régnant sur 120.000 salariés dans le monde.
Un homme posé et calme
Au sein du groupe, ce père de six enfants, a gravi les échelons un par un. Nommé en 1997 directeur général de Taurus en Hongrie, il devient directeur financier pour la zone Europe deux ans plus tard. Vient alors la période asiatique de son parcours, en tant que responsable des activités du groupe en Chine et responsable de l’activité tourisme camionnette pour la zone Asie, pendant sept ans. De ses expériences à l’international (lire par ailleurs), Yves Chapot conserve de solides bases en hongrois et surtout en mandarin. « En fait, je suis capable de mener une conversation et des discussions commerciales », reconnait-il modestement.
A gauche, Florent Menegaux, gérant commandité de la manufacture et
Yves Chapot, gérant non-commandité (Photo : NewsAuvergne)
Progressivement, l’homme s’est rendu indispensable dans les rouages stratégiques du géant du pneu. Il entre au comité exécutif du groupe en 2014, où il forge une solide relation de confiance avec le grand patron, Jean-Dominique-Senard. Ce dernier le désigne ainsi futur n° 2 du groupe dès mai 2018, au côté de Florent Menegaux, gérant commandité du groupe. « Nous formons un tandem très complémentaire avec Florent. Nous nous entendons. Nous avons des personnalités qui s’accordent. Et puis, être deux, a un gros avantage : ça nous permet d’être plus présents auprès des équipes, d’avoir un temps d’écoute supérieur dans un monde où tout devient de plus en plus complexe, où tout s’accélère ».
"Il faut rester serein"
L’avenir, Yves Chapot l’envisage toujours posément. « Chez Michelin, les managers doivent passer beaucoup de temps à travailler sur le sens de nos missions et infuser de la sérénité. Aujourd’hui, on attend d’un dirigeant de donner du sens à ses équipes et d’expliquer pourquoi on fait tel choix. Surtout, il faut rester serein dans un environnement qui génère beaucoup d’inquiétude et d’angoisse. »
Geneviève Colonna d’Istria, à Montréal